CINÉ-CONCERT

Musique sacrée pour instrument profane

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    L'or des mers a été tourné en 1932, dans une Bretagne encore éloignée de la France, par le réalisateur Jean Epstein qui s'éloignait aussi, depuis quelques temps, de Montmartre et des studios cinématographiques à la mode, pour devenir l'un des premiers réalisateurs à faire jouer des autochtones "non-professionnels" devant une caméra, sans pour autant faire chuter l'art cinématographique dans l'hébétude du documentaire et délaisser une esthétique envoutante qu'il a mis plus de vingt films à construire.

Nous pensons que cette beauté, longtemps méditée, atteint ici son sommet. La forme, la lumière de ce film, qui préfigure ceux de Bresson ou de Tarkovski, n'est également pas sans fond spirituel; mais, quand chez ces deux maîtres l'ensemble de l'oeuvre semblent dès l'abord sacrée, chez Epstein il faut un nombre considérable de film avant de parvenir à cette épure parfaite et nécessaire à la sainteté des images : aussi cette longue recherche aboutit-elle ici en un scénario sublime et simplifié par une austérité artistique gagnée et approfondie durant plus de dix années.

    Néanmoins, la grâce de ces images semble souillée dès qu'on en entend la musique "originale", musique pseudo-wagnérienne qui tente désespérément de métamorphoser le calme, la sincérité, la tendresse et la résignation de l'oeil-caméra en tension romantique nauséabonde et affectée ; qui parvient presque à modifier des pauvres bougres en poitrinaires royaux et branlants. Cette musique, en fait, ne supporte pas la vérité que l'oeuvre dévoile et tente prétentieusement d'y insuffler une profondeur qui habite déjà ce film qu'elle ne voit pas : elle est pédagogique en somme, elle exagère, elle change l'or en plomb. Et c'était bien l'avis de Jean Epstein, qui dit son film complètement gâché par ce persiflage instrumental.

    Nous tenterons donc la composition d'une oeuvre assez chaste et humble pour seconder des images qui, à vrai dire, n'ont besoin de rien, renfermant en elle-même assez de richesses pour supporter le silence. Y parviendrons-nous ? Certainement pas, mais le spectateur aura toujours la possibilité de boucher ses oreilles - s'il supporte assez son silence intérieur - pour pouvoir apprécier à son juste mérite la plénitude subtile de L'or des mers.

 

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MERCREDI 9 AOÛT - 21H

Moulin de Barthout  - EYMOUTIERS