LES GUTA - 2010
Musique des Balkans - Parvis de l'Eglise de St Amand le Petit
Partis d'Avignon le matin-même, contrebasse sur le toit, accordéon dans le coffre, nous avons roulé toute la journée pour être à Eymoutiers le soir. La famille qui tient le "Café des Sports", alias "Le Grand Plazza" mariait son fils et nous tenions à être de la partie. Notre hommage à cette union serait un concert improvisé. Nous sommes arrivés en vue des vertes collines vers 22h30 et la terrasse du Grand Plazza était pleine. Contrebasse débarquée, accordéon sorti, deux violons sous le bras, nous nous installons au milieu des convives. Les nouveaux époux sont aux anges et nous jouons une bonne partie de la nuit. Je dis "nous" parce que je me sens de la même famille, de ces ethnies fortes qui ne sauraient vivre autrement qu'en se ressemblant, qu'en se rassemblant, qu'en disparition et reconstruction permanentes...
Photos de Jean-Claude GUILLOUX
Tard dans la nuit nous sommes rentrés à la maison de Beaulieu... installation en famille, les parents Sylven et Eugénia dans la chambre, Paolo le grand fils et Dimitri le contrebassiste sur la mezzanine, moi et les quelques amis restés un peu partout dans le nid... lever assez tôt : animation dans la rue pour le marché pelaud du samedi !!!
Photo maison
Lever gracieux et petit déjeuner en musique. Le soleil était de la partie. Difficile de faire décoller un groupe pour être à l'heure quelque part mais nous y sommes parvenus. Seul Giorgio, le plus jeune fils, l'accordéoniste, se faisait tirer un peu l'oreille ! Eymoutiers, le marché, la terrasse du Grand Plaza, les amis, la musique... ce samedi commençait décidément bien !
Nous avons joué une bonne partie de l'après-midi sur la terrasse de chez Marie, puis une douche à la maison et il fallait se préparer pour St Amand. J'avais dit qu'on y serait vers 19 heures ! Nous y fûmes donc à l'heure dite et la soirée s'est déroulée cordialement, comme toujours à St Amand. Il y avait les bénévoles des associations qui avaient préparé l'accueil sous un chapiteau convivial, buvette avec le sourire, viandes et saucisses grillées dans la joie et la bonne humeur. Giorgio, à ma demande, a rendu hommage avec son accordéon au couple de fermiers le plus proche de l'église, une valse...
Il y avait du monde, un peu moins que d'habitude mais on ne sait jamais à quoi cela tient vraiment... le temps, le porte-monnaie, qui est là, qui est en vacances, qui savait, qui ne savait pas... mais nous et les habitants de St Amand : on était là ! et les musiciens n'étaient pas avares de leur musique, ils ont joué, joué...
Le lendemain, grasse matinée, visite aux chevaux de Martin, Vassivière... impossible de déjeuner à l'Escale ! trop de monde... il pleuvait à vache qui pisse et les clients s'étaient réfugiés sous les bâches, plus une seule table de libre. Paolo a sorti son violon mais cela n'a pas été bien vu ! on a compris qu'il ne fallait pas déranger les habitués du dimanche tranquille alors on est partis tout simplement.
On s'est installés sous un petit parasol à la Halle d'Auphelle. J'étais content de la voir ouverte à nouveau ! Il y avait un camion qui proposait des quarts de poulets fermiers avec des frites mais, comme il pleuvait, la petite famille qui servait a proposé que les douze ou treize que nous étions s'installent dans la halle malgré l'absence d'autorisation. Je pensais à ce qu'on m'avait dit l'année précédente : que cette halle serait fermée au public et destinée à devenir un garage à caravanes !!! Totale hérésie !!! Qu'allaient donc devenir les gens du camping ? Où achèteraient-ils leur pain, où pourraient-ils manger à pas cher ?
Qu'on nous ouvre la grande porte, celle du temps de Kinou, me procura un grand plaisir. Voulaient-ils interdire notre enfance, allaient-ils grillager, compartimenter, interdire ou régenter la liberté et l'espace de cette belle région ?
La pluie vient au secours des artistes et des artisans !!!
Chantal, ma libraire de la Place Carnot, toujours fidèle aux Souffleurs de Terre, est restée cinq jours avec nous... Les GUTA nous ont abreuvé de leur musique qui semble, pour avoir vécu parmi eux, être un art de vivre plutôt qu'une prestation publique.
Ils se lèvent en musique, mangent en musique, leurs regards sont des ondes et leurs sourires des mélodies sans cesse vraies et improvisées comme seule la vérité peut être. Il n'y a pas de forme à leur culture mais il y a des codes, des codes infranchissables, des codes de bienséance et de considération de l'autre. Aucun risque d'être ridicules !