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DIEU, QU'ILS ÉTAIENT LOURDS...!

DIEU QU'ILS ÉTAIENT LOURDS...!

Louis-Ferdinand CÉLINE - 2007

d'après les entretiens radiophoniques de 1956/57

Création Silènes Cie - mise en scène Ludovic LONGELIN

avec Marc-Henri LAMANDE & Ludovic LONGELIN

La première fois qu'il m'a été donné d'aborder l'oeuvre de Céline, c'est après un spectacle dans lequel je jouais au Théâtre Le Colombier à Bagnolet.

Un membre de la Société d'Études Céliniennes (S.E.C.) cherchait un acteur pour incarner Céline dans une adaptation du dernier roman de Louis-Ferdinand : Nord. Il avait cherché longtemps, mettant en chasse ses relations dans le "milieu théâtral parisien". Le hasard lui fit rencontrer alors une amie perdue de vue qui se souvint de moi. "Je connais le gars qu'il te faut mais je ne sais pas ce qu'il est devenu depuis le temps". Il se trouve que je jouais ce soir-là à Bagnolet.

Monsieur D. m'a donc été présenté et m'a proposé ce rôle que j'ai refusé tout d'abord. Je trouvais déraisonnable d'aborder un tel auteur sans une connaissance approfondie de son oeuvre. Je lui ai demandé de me conseiller quelques lectures. Dans les quinze jours qui suivirent, je reçus les ouvrages et pus commencer mon approche du bonhomme. Nous nous revîmes ensuite avec Monsieur D. dans un café parisien. Je persistai toutefois dans mon refus du rôle. Par contre je proposai qu'il fasse un choix de textes sous la forme d'un monologue que je me ferais fort de préparer sérieusement. À lui de choisir le lieu et la date de la prestation entre intimes ou connaisseurs. À l'issue de cette expérience, nous prendrions une décision en ce qui concernait "Nord".

Il accepta et la présentation privée fut fixée en juin 2006 à l'Abbaye d'Ardenne au cours du 16ème Colloque International des Rencontres Céliniennes qu'organise régulièrement la S.E.C.. J'ai travaillé le texte pendant des mois, à la virgule, au spasme, à la trachée... cherchant l'auteur... ç'aurait pu être un copain de mon père, il parlait des mêmes choses. J'ai investi sa langue. C'est une France que j'avais en moi.

Photo : Camille GOUDARD

Mon père aussi avait été militaire, il avait connu la guerre, comme lui. Il en était écoeuré, comme lui. Il était présent à Oradour sur Glane au lendemain du carnage. Il n'en parlait jamais. Il ne pouvait pas. Céline avait vécu d'autres horreurs. Tous deux avaient été heurtés par la machine de guerre, la machine humaine...


Accompagné par Michel THOUSEAU à la contrebasse, j'ai donc défendu "LE GRAND DÉCOMBRE" avec vigueur. François GIBAULT, ayant-droit et avocat de Lucette, a été très touché par la prestation.

Par la suite j'ai été contacté par l'organisateur du Festival de la Critique "Boulevard Sainte Beuve" de Boulogne sur mer qui cherchait un sujet fort. J'ai proposé Céline et ce fut pour lui une évidence. Comment n'y avait-il pas pensé plus tôt ! La critique : bien sûr ! CÉLINE !!! Nous sommes partis sur "Les Entretiens avec le Professeur Y", opuscule qui me fascinait et que j'avais envie de rendre en public. Un metteur en scène Ludovic LONGELIN, avec lequel j'avais travaillé souvent, a été mis sur le coup mais, trouvant l'opuscule insuffisant, il s'est dirigé vers les entretiens radiophoniques de 1956/57. Cela mettait le personnage lui-même en avant.

C'est Ludovic LONGELIN qui m'interviewera pendant le spectacle. Je me retrouvais donc à incarner l'homme. Je ne m'en suis pas aperçu tant son style et ses paroles sont fascinantes.

Il parle de son enfance, de son éducation, du Paris de cette époque-là... de ses parents, de son métier, de ses opinions... il parle des hommes aussi, de leurs utopies et je me sens à l'aise dans ce qu'il dénonce. Sa personnalité est sans concession. Ce n'est pas de ces auteurs qui font de la littérature, comme il dit : il met "sa peau sur la table car il n'y a qu'une seule inspiratrice, c'est la mort, si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n'avez rien, il faut payer. Tout le reste pue le gratuit !"

"J'ai cessé d'être écrivain, pour devenir un chroniqueur !" Quel mot voudriez-vous prononcer, quelle phrase voudriez-vous écrire avant de disparaître ? Réponse : "Ils étaient lourds ! Voilà c’que j’pense, oui ! En pensant, les hommes en général, ils sont horriblement lourds, n’est-ce pas,… ils sont lourds et épais, voilà ce qu’ils sont… méchants et bêtes en plus… mais ils sont surtout lourds et épais…" "La gloire ne va qu'aux morts, les vivants n'arrivent qu'à l'Académie !!!"

On peut visionner quelques extraits vidéo en allant mon site : http://marc_henri_lamande.virb.com.

Ce sont quelques extraits de la création juin 2006 au théâtre des Pipots à Boulogne sur Mer.


Une ville où il ne se passe rien ! comme disait l'autre...


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